
Fin 2019, un mal qui trouve son origine dans un marché à Wuhan (Chine) sévit à des milliers de kilomètres de l’Afrique. L’information passe inaperçue, tant l’on voyait cela lointain d’autant plus que ce n’était pas la première fois que de telles informations sur une épidémie vite circonscrite dans le pays de Mao Tsé-toung nous parvenaient.
Mars 2020, ce qui n’était qu’une réalité vue de loin, une affaire des Chinois devient une préoccupation mondiale. Deux synonymes pendent désormais sur les lèvres de toute l’humanité, partant des experts au plus profane en la matière : Covid-19 et Coronavirus.
Après moult tâtonnements, l’Organisation Mondiale de la Santé se décide à déclarer l’état de crise sanitaire planétaire. Le monde est confronté à la pandémie du coronavirus et tous les pays mobilisent leurs troupes. Comme l’a plusieurs fois martelé le Président Macron dans ses interventions, « la guerre » s’est imposée à tous, un conflit qui oppose la terre toute entière a un ennemi invisible, capable de surpasser la fermeture des frontières, les confinements, dé-confinements et re-confinements.
Le monde fait face à deux réalités nouvelles avec leurs lots de conséquences : une crise sanitaire d’un type nouveau pour les médecins, épidémiologistes et autres scientifiques et une crise économique liée à une récession d’un genre nouveau. Le Coronavirus entraîne tout simplement les humains dans ce que Jonas A. Daou appelle « la deséconomie ».
Dans son ouvrage publié en 2020, au plus fort temps d’incertitude, alors même que les uns et les autres tentaient de comprendre ce qui se passait et que, sur les réseaux sociaux les informations les plus fausses, jamais véhiculées rivalisaient avec terreur et consternation, l’écrivain et homme d’affaires togolais invite à un voyage dans le monde de ce qu’il convient de qualifier de pire « cauchemar du 21ème siècle ».
Jonas Daou analyse la situation qui a prévalu dans le monde. Les mesures qui ont été prises et qui ont été répliquées un peu partout, comme s’il s’agissait d’une autre pandémie qui s’emparait des gouvernements. Des mesures prises sans vraiment savoir si elles étaient réellement efficaces. Il s’interroge sur cette capacité qu’a le Coronavirus à réduire à néant la vie en société si chère aux humains, surtout en Afrique. D’un pays à un autre, l’on a assisté à la fermeture des restaurants, des lieux de cultes, des stades, des lieux de spectacles, etc. Les avions ont été cloués au sol. Jamais il n’a fait aussi beau dans le ciel. Comme dans un mauvais rêve, le monde, d’un coup, n’était plus un village planétaire. L’on découvre, comme par enchantement, que l’on pouvait rester chez soi et travailler, tenir des réunions sans que son entreprise ne parte à la dérive. La nature respire. Enfin !
Le Covid-19 ou la Covid-19 (sacré virus ! Elle a même eu le mérite de faire douter l’académie française), rappelle à ceux et celles qui l’ont oublié ou presque, ce que Jonas Daou décrit et explique dans son livre et qui peut être résumé par la célèbre formule de Charles de Gaulle « les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts ». En effet, de la Chine aux Etats-Unis en passant par la France, la Russie et bien d’autres pays, l’on a été spectateur de la bataille livrée dans le cadre de ce qu’il convient d’appeler la diplomatie sanitaire et principalement celle des masques ou mieux, la guerre des masques. L’on a également assisté à cette course au leadership et à l’égoïsme vaccinaux lorsque l’on a vu des Etats les plus nantis concentrer plus de doses que nécessaire tandis que d’autres pays, en Afrique, en Asie, en Amérique latine, etc… peinaient encore à mobiliser le plus petit échantillon de pfizer, Johnson & johnson, Coronavac ou encore d’AstraZeneca.
Mais, quoi qu’il en soit, grands, puissants ou petits Etats, le Coronavirus s’est joué de tous. Un peu comme un Sadio Mané qui vient de remporter, pour la joie de ses compatriotes, la Coupe d’Afrique des Nations, le virus s’est joué de tout le monde. Combien de fois n’avons-nous pas cru voir le bout du tunnel ? Un peu comme dans un jeu de cache-cache, il mue chaque fois qu’une avancée scientifique devant permettre de venir à bout de la pandémie est annoncée.
Au final, une seule question, qui a le mérite de faire l’unanimité, partout dans le monde, taraude l’esprit des humains : « A quand la fin et, à la fin, à quoi ressemblera le monde » ? A cette question et, pour clore notre analyse sur ce passionnant ouvrage, je nous invite à la prophétie de l’auteur : « le monde post-Covid va ressembler longtemps à celui que l’on connaît, mais il va connaître des bouleversements et des mutations profonds qui vont le transformer progressivement. La deséconomie va prendre possession des rapports humains et va s’accélérer avec les paradigmes qui sont nés de l’économie et qui l’ont conduite à son apogée : la globalisation et la dématérialisation des activités ».
- Steve BODJONA
Diplomate & Ecrivain
Président du Club Le Littéraire