Les médias sociaux abordent plus facilement les délicates questions de sécurité que les médias traditionnels. Cependant, ces derniers doivent jalousement conserver leur rôle de diffuseur d’une information vérifiée et fiable.
Imagine Demain : L’insécurité, le terrorisme, et divers conflits menacent l’Afrique subsaharienne. Quelles places tiennent les réseaux sociaux de plus en plus présents sur le continent ?
Régis Hounkpè : Depuis plusieurs années, le continent africain est confronté à plusieurs crises sécuritaires que sont entre autres le terrorisme dans le Sahel tout particulièrement et la piraterie maritime de façon plus accrue dans les pays du Golfe de Guinée. Lorsqu’un attentat terroriste secoue le continent africain ou que nous sommes en situation d’insécurité, il y a effectivement peu d’informations disponibles dans les médias traditionnels. Ce vide a créé un appel d’air, qui a provoqué l’émergence des médias sociaux en tant que source d’information. Les médias sociaux aujourd’hui ont accaparé le leadership de l’information et de la communication, alors que de façon classique, ceux qui doivent nous informer sur ce qui s’est passé sur le continent, sont les journalistes, les médias traditionnels que sont la télé, la radio, la presse.
Médias traditionnels et médias sociaux sont concurrents ?
Avant nous n’avions que les médias traditionnels. Aujourd’hui, nous avons une pluralité de médias qui font que les gens délaissent les médias traditionnels et vont à la source sur les réseaux sociaux. Et ensuite, nous observons une course à l’échalote qui fait que les médias sociaux sont en capacité justement d’informer, parfois de désinformer et souvent plus vite que les médias traditionnels. Alors qu’en réalité, je pense qu’il faut toujours que nous puissions travailler à ce que les médias traditionnels retrouvent leurs lettres de noblesse. Et bien sûr, ne soyons pas méprisants envers les médias sociaux. Nous aurons toujours besoin des médias sociaux, mais le travail qui va être fait, c’est de réinstaller les médias traditionnels dans leur rôle qui est celui d’informer les opinions publiques sur les enjeux de la société dont les questions de sécurité.
Propos recueillis par Joseph MB

Ancien du centre d’études diplomatiques et stratégiques de l’Ecole des hautes études internationales de Paris, Régis Hounkpè est analyste géopolitique et communicant politique. Ayant travaillé pour des sociétés de conseil en Afrique subsaharienne et dans le milieu politique en France, il est actuellement directeur exécutif d’InterGlobe Conseils, un cabinet-conseil spécialisé en communication stratégique et expertise géopolitique.Spécialiste des enjeux de gouvernance sécuritaire et coopération internationale, il intervient à l’Ecole nationale supérieure des armées de Porto-Novo au Bénin et également en Géopolitique de l’Afrique à l’université de Reims Champagne-Ardenne.